Un groupe est un club privé, un entre-soi monarchique d’éléments se reproduisant entre eux…
Comme son nom l’indique, un groupe désigne un ensemble d’éléments. Mais pour que cet ensemble soit promu groupe, on doit le munir d’une loi de composition interne (un truc qui dit comment les éléments jouent entre eux et rien qu’entre eux). Quand on compose un élément du groupe avec un autre élément du groupe, on obtient encore un élément du groupe. C’est surtout ça un groupe !
Remarque : on dira indifféremment “loi de composition interne” ou “loi de multiplication interne”.
Groupes et symétries sont fortement liés, ce qui explique l’importance de leur étude en physique, étant donné que les symétries sont au centre de notre compréhension physique du monde.
Imaginons un système $\mathcal{S}$ laissé invariant par deux symétries différentes $A$ et $B$. La loi de composition interne $A\cdot B$ correspond, dans le cas des symétries, à l’application successive de $A$ et de $B$ sur le système. Et l’application successive des symétries sur le système continue nécessairement à le laisser invariant, donc $A\cdot B$ est aussi une symétrie du système. La loi de composition interne étant interprétée comme une succession d’opérations de symétrie, l’associativité en découle : on aura forcément $A\cdot (B\cdot C) = (A\cdot B)\cdot C$ (en gardant l’ordre).
Enfin, laisser $\mathcal{S}$ tel quel constitue l’élément neutre de toutes les symétries et chaque action d’une symétrie peut être inversée.
Les opérations de symétrie sur un système forment donc toujours un groupe !
$\boldsymbol{C_2}$ est à l’évidence abélien.
Il y a 6 transformations qui laissent le triangle invariant : l’identité ($e$), les rotations de $\frac{2\pi}{3}$ et $\frac{4\pi}{3}$ (appelées $R_1$ et $R_2$), et les réflexions par rapport aux hauteurs (notées $S_A, S_B, S_C$). Elles sont toutes inversibles et la table de multiplication entre ces transformations finit de prouver qu’il s’agit bien d’un groupe.
Le caractère non abélien est évident si on compare, par exemple, $R_1 S_A$ (qui amène $A$ en $C$, $B$ en $B$ et $C$ en $A$, en appliquant les transformations de la droite vers la gauche) et $S_A R_1$ (qui amène $A$ en $B$, $B$ en $A$ et $C$ en $C$).
Pour $\boldsymbol{D_3}$, la table de multiplication est la suivante :
Deux grandes dynasties de groupe se partagent le royaume :
Le groupe cyclique $\boldsymbol{C_n}$ (dont on a déjà côtoyé un membre avec $\boldsymbol{C_2}$) a la structure générale $\{e,a,a^2,\ldots,a^{n-1};a^n=e\}$ avec $n$ un entier positif quelconque. On le note aussi $<a>$.
a générant tous les éléments du groupe est appelé… générateur du groupe.
Le générateur $a$ de $\boldsymbol{C_n}$ est donc, par définition, de période (ou d’ordre) $n$.
L’ordre d’un groupe cyclique coïncide avec l’ordre de son générateur (ce qui explique l’utilisation du termes ordre au lieu de période pour un élément).
Tous les groupes cycliques sont abéliens (car $a^i a^j=a^j a^i=a^{i+j}$).
Les lignes et colonnes de la table de multiplication de ces groupes sont en permutation circulaire (telle que l’ordre reste le même) les unes par rapport aux autres, d’où son nom.
Le groupe symétrique $\boldsymbol{S_n}$ est formé de toutes les permutations possibles entre $n$ éléments différents et est donc d’ordre $n!$.
On peut représenter de manière générale les permutations de $n$ éléments sur deux lignes :
$p=\left(\begin{array}{ccccc} 1 & 2 & 3 & \cdots & n \\ p_1 & p_2 & p_3 & \cdots & p_n \end{array}\right)$
Une permutation suivie d’une seconde en forme bien sûr une troisième, ce qui définit la loi de composition du groupe. L’identité correspond à l’absence de permutation :
$ e=\left(\begin{array}{lllll} 1 & 2 & 3 & \cdots & n \\ 1 & 2 & 3 & \cdots & n \end{array}\right) $
Et l’inverse de p est logiquement :
$ p^{-1}=\left(\begin{array}{ccccc} p_1 & p_2 & p_3 & \cdots & p_n \\ 1 & 2 & 3 & \cdots & n \end{array}\right) $
$\boldsymbol{S_3}$ est d’ordre $3!=6$. Les 6 permutations sont :
$$ \begin{aligned} & \left(\begin{array}{lll} 1 & 2 & 3 \\ 1 & 2 & 3 \end{array}\right) \\ & \left(\begin{array}{lll} 1 & 2 & 3 \\ 2 & 1 & 3 \end{array}\right),\left(\begin{array}{lll} 1 & 2 & 3 \\ 1 & 3 & 2 \end{array}\right),\left(\begin{array}{lll} 1 & 2 & 3 \\ 3 & 2 & 1 \end{array}\right) \\ & \left(\begin{array}{lll} 1 & 2 & 3 \\ 2 & 3 & 1 \end{array}\right),\left(\begin{array}{lll} 1 & 2 & 3 \\ 3 & 1 & 2 \end{array}\right) \end{aligned} $$
Le premier élément n’est autre que $e$ (rien n’a bougé). Les trois éléments suivants sont obtenus en permutant deux éléments du trio et en laissant le troisième tranquille. Les deux derniers éléments sont obtenus en permutant circulairement les trois éléments.
Pour une écriture plus compacte, on décompose les permutations en 1-cycle (pas de permutations), 2-cycle (permutations 2 à 2), 3-cycle (permutations circulaires à 3 éléments), etc.
$$\begin{aligned} & e=(1)(2)(3) \\ & (12)(3),(1)(23),(2)(31), \\ & (123),(321) \end{aligned} $$
L’ordre d’écriture est indifférent et il est d’usage d’omettre les 1-cycle ou éléments non permutés ($(12)(3)=(12)$).
Lorsqu’on multiplie deux permutations, on part de la permutation la plus à droite et on regarde où arrive successivement chacun des éléments.
$(23)\cdot(13)=\,?$
On obtient bien la permutation cyclique $(123)$ dans laquelle $1\rightarrow 2\rightarrow 3\rightarrow 1$. Donc $(23)\cdot (13) = (123)$.
Autre exemple : $(321)\cdot (12) = (1)(23)(2) = (23)$
Tout élément $a$ différent de $e$ d’un groupe $G$ d’ordre fini forme un sous-groupe cyclique de $G$.
$a\cdot a=a^2$ est dans $G$ par propriété des groupes et vaut soit $e$ soit un élément différent de $a$ (car seul $a\cdot e$ donne $a$).
De même, si $a^2≠e$, alors $a^2\cdot a=a^3$ vaut soit $e$, soit un élément différent à la fois de $a$ et $a^2$ puisqu’ils sont tous deux différents de $e$. En continuant ainsi, on obtient un ensemble ${a,a^2,a^3,a^4,a^5,\ldots}$ s’arrêtant pour $a^p$ valant $e$ (et cela arrive nécessairement puisque le groupe $G$ est fini). On obtient alors un groupe cyclique d’ordre $p$.
si $g_i \in G \mapsto g_i^{\prime} \in G^{\prime}$ et $g_1g_2=g_3$, alors $g_1^{\prime} g_2^{\prime}=g_3^{\prime}$.
Quand l’application est bijective, un élément pour un élément, on parle d’isomorphisme (on le note symboliquement $G \simeq G^{\prime}$).
Si on appelle $f$ l’homomorphisme de $G$ vers $G^{\prime}$, on a :
Cela montre que :
Construisons la table de multiplication du groupe $\boldsymbol{S_3}$ :
On remarque qu’en identifiant les deux permutations circulaires aux rotations de $\boldsymbol{D_3}$ et les 2-cycles aux réflexions, on retrouve exactement la même table de multiplication. Cela montre que $\boldsymbol{S_3}$ et $\boldsymbol{D_3}$ sont isomorphes ($\boldsymbol{S_3} \simeq \boldsymbol{D_3}$).
L’exemple précédent est généralisable :
Tout groupe $G$ d’ordre $n$ est isomorphe à un sous-groupe de $\boldsymbol{S_n}$.
Les éléments de $G$ sont étiquetés $\{g_i \, ; i = 1, \dots, n\}$.
Pour un élément $a \in G$, l’élément $a g_i$ est un élément de $G$.
On peut très bien appeler $a_i$ l’indice entier qui désigne cet élément : $g_{a_i} \equiv a g_i$, ce qui détermine une séquence de nombres entiers $\left(a_1, \cdots, a_n\right)$.
Comme $a g_i=a g_k$ seulement pour $i=k$ (suffit de multiplier par $a^{-1}$ pour s’en assurer), tous les entiers $\left\{a_1, \cdots, a_n\right\}$ sont différents. Ils forment donc une permutation de $(1,2, \cdots, n)$.
Plus simplement, on peut voir l’action de $a$ sur l’ensemble des $g\in G$ comme une translation (à gauche) des éléments du groupe ($ga$ serait la translation à droite, différente par défaut).
On peut par conséquent envoyer $G$ sur $\boldsymbol{S_n}$ :
$ a \in G \longrightarrow p_a=\left(\begin{array}{cccc} 1 & 2 & \cdots & n \\ a_1 & a_2 & \cdots & a_n \end{array}\right) \in \boldsymbol{S_n} $
Si $ab=c$ dans $G$, on a :
$\begin{aligned} p_a p_b&=\left(\begin{array}{cccc} 1 & 2 & \cdots & n \\ a_1 & a_2 & \cdots & a_n \end{array}\right) \cdot\left(\begin{array}{cccc} 1 & 2 & \cdots & n \\ b_1 & b_2 & \cdots & b_n \end{array}\right) \\ & =\left(\begin{array}{llll} b_1 & b_2 & \cdots & b_n \\ a_{b_1} & a_{b_2} & \cdots & a_{b_n} \end{array}\right) \cdot\left(\begin{array}{llll} 1 & 2 & \cdots & n \\ b_1 & b_2 & \cdots & b_n \end{array}\right)=\left(\begin{array}{cccc} 1 & 2 & \cdots & n \\ a_{b_1} & a_{b_2} & \cdots & a_{b_n} \end{array}\right) \end{aligned} $
Or $g_{a_{b_i}}=a g_{b_i}=a\left(b g_i\right)=(a b) g_i=c g_i=g_{c_i}$, donc :
$p_a p_b=p_c=\left(\begin{array}{cccc} 1 & 2 & \cdots & n \\ c_1 & c_2 & \cdots & c_n \end{array}\right) \in S_n$
On a finalement montré que l’application $a \in G \longrightarrow p_a \in \boldsymbol{S_n}$ préserve la loi de composition interne, ie c’est un homomorphisme.
Et comme on a commencé par dire que l’application envoyait un antécédent sur une image unique, il s’agit d’un isomorphisme.
L’ensemble des $p_a$ (pour tous les $a$ de $G$) forme donc un sous-groupe de $\boldsymbol{S_n}$ isomorphe à $G$.
Une relation d’équivalence se doit d’être symétrique ($a\sim b \Rightarrow b\sim a$), réflexive ($a\sim a$) et transitive (si on a $a\sim b$ et $b\sim c$ alors $a\sim c$), ce qu’on vérifie bien avec la relation de conjugaison.
soit $p$ un cycle de longueur donnée et $q$ une permutation quelconque du même groupe de symétrie alors :
$ \begin{aligned} q p q^{-1} & =\left(q_i \leftarrow i\right)\left(p_i \leftarrow i\right)\left(i \leftarrow q_i\right) \\ & =\left(q_i \leftarrow i\right)\left(p_i \leftarrow q_i\right) \\ & =\left(q_{p_i} \leftarrow p_i\right)\left(p_i \leftarrow q_i\right) \\ & =\left(q_{p_i} \leftarrow q_i\right) \\ & =q[p] \end{aligned} $
On n’a fait qu’étiqueter différemment la permutation $p$ :
$ \left(\begin{array}{ccccc} 1 & 2 & 3 & \cdots & n \\ p_1 & p_2 & p_3 & \cdots & p_n \end{array}\right) $ devient $ \left(\begin{array}{ccccc} q_1 & q_2 & q_3 & \cdots & q_n \\ p_{q_1} & p_{q_2} & p_{q_3} & \cdots & p_{q_n} \end{array}\right) $.
L’ordre change mais pas ce que devient chacune des valeurs. La structure des cycles est donc nécessairement la même.
$\boldsymbol{S_3}$ est donc constitué de 3 classes :
Chaque élément d’un groupe appartient à une et une seule classe puisque l’action de conjugaison consiste en une translation à gauche et une translation à droite (composer tous les éléments du groupe par un même élément revient à les décaler (ou permuter) tous de la même façon) et donc associe un élément conjugué différent à chaque élément différent du groupe (c’est une bijection).
Et d’autre part, deux classes différentes sont disjointes par transitivité (si elle ne sont pas disjointes, elles coïncident). Par conséquent, l’union de toutes les classes d’un groupe reforme le groupe, ou dit autrement, les classes forment une partition du groupe.
Un sous-groupe $H$ de $G$ est dit invariant, ou normal, ou distingué, s’il est identique à ses sous-groupes conjugués ($H=g^{-1} H g$ pour $g\in G$).
Remarque :
un sous-groupe invariant est nécessairement une union de classes conjuguées dont l’identité (un groupe doit la contenir).
Le sous-groupe ${e, (123), (321)}$ de $\boldsymbol{S_3}$ forme un sous-groupe invariant puisqu’il contient l’identité et la classe entière des 3-cycles. Tout élément conjugué de cet ensemble appartient à une de ces deux classes et se trouve donc dans l’ensemble de départ.
Les classes de conjugaison ne sont pas les seules à savoir découper un groupe. Leurs concurrentes : les classes latérales dites à gauche ou à droite issues d’un sous-groupe donné.
Cette partition diffère de la précédente sur deux points : elle n’est pas nécessairement unique et les classes latérales entrant dans la partition comportent chacune le même nombre d’éléments.
Soit $H=\{h_1,h_2,\ldots\}$ un sous-groupe de $G$ et $p$ un élément de $G$ (qui n’est pas dans $H$). Alors l’ensemble $pH=\{ph_1,ph_2,\ldots\}$ est appelé classe à gauche de $G$ suivant $H$.
De même, $Hp$ est une classe à droite suivant $H$.
Remarques :
Deux classes à gauche (ou à droite) d’un même sous-groupe soit coïncident complètement, soit n’ont aucun élément en commun.
Soient $pH$ et $qH$ deux classes à gauche et supposons qu’on ait, pour un certain $h_i$, et un certain $h_j$ pris dans $H$, $ph_i=qh_j$, donc $pH$ et $qH$ ont au moins un élément en commun.
Comme $q^{-1}p=h_j h_i^{-1}$, $q^{-1}p$ est un élément de $H$.
Par conséquent, $q^{-1}pH=H$ (puisque $H$ est un sous-groupe donc un groupe).
Conclusion : $pH=qH$.
Pour ne pas être dans ce cas, il ne faut aucun $h_i$ et $h_j$ tels que $ph_i=qh_j$, autrement dit, $pH$ et $qH$ doivent être disjoints.
Et chaque classe à gauche (ou à droite) suivant un sous-groupe $H$ a nécessairement autant d’éléments que $H$.
On en déduit que pour un sous-groupe $H$ d’ordre $n_H$, l’ensemble des classes à gauche (ou à droite) forme une partition des éléments de $H$ en ensembles disjoints de $n_H$ éléments chacun.
Le sous-groupe $\left\{H_1: e,(123),(321)\right\}$ de $\boldsymbol{S_3}$ possède une classe à gauche $\{M:(12),(23),(31)\}$ obtenue en multipliant à gauche les éléments de $H_1$ par $(12)$, ou par $(23)$, ou encore par $(31)$.
Le sous-groupe $\left\{H_2: e,(12)\right\}$ de $\boldsymbol{S_3}$ possède, lui, deux classes à gauche :
Le théorème de Lagrange en découle :
l’ordre d’un groupe fini doit être un multiple entier de l’ordre de n’importe lequel de ses sous-groupes.
Cela entraîne que tout groupe d’ordre premier est cyclique et donc abélien. Plutôt joli, non ?
Soit $a$ un élément de $G$ différent de $e$.
Alors $a$ forme un sous-groupe cyclique de $G$ d’ordre au moins 2.
Or cet ordre doit diviser l’ordre $G$.
Seule solution, il vaut l’ordre $G$, ce qui implique que $G$ soit cyclique et par conséquent abélien.
Les classes à gauche ou à droite issues d’un sous-groupe invariant sont particulièrement simples et utiles. Déjà, classes à gauche et classes à droite coïncident ($pHp^{-1}=H$ implique $pH=Hp$). De plus, la partition obtenue est unique et une «factorisation» de $G$ basée sur cette partition devient naturelle.
L’ensemble des classes issues d’un sous-groupe invariant $H$ d’un groupe $G$ a la propriété de former lui-même un groupe, appelé groupe quotient $G/H$, d’ordre $n_G/n_H$.
Considérons $\mathbb{Z}/2\mathbb{Z}$ où $\mathbb{Z}$ est l’ensemble des entiers relatifs munis de l’addition comme loi de composition interne. $2\mathbb{Z}$ est donc l’ensemble des entiers relatifs pairs. Et par conséquent, $\mathbb{Z}/2\mathbb{Z}$ est formé de deux sous-groupes distincts : les entiers pairs et les entiers impairs. Le groupe quotient $\mathbb{Z}/2\mathbb{Z}$ est donc isomorphe au groupe cyclique à deux éléments $\boldsymbol{C_2}$. Il correspond aussi à l’ensemble $\{0,1\}$ muni de l’addition modulo 2.
On peut généraliser en disant que $\mathbb{Z}/2\mathbb{Z}$ est isomorphe au groupe cyclique $\boldsymbol{C_n}$ et correspond aussi à l’ensemble des restes dans la division euclidienne de $k$ par $n$, soit l’ensemble $\{0,1,\ldots,n\}$ muni de l’addition modulo $n$.
L’exemple précédent permet de mieux comprendre pourquoi $G/H$ se lit $G$ modulo $H$.
Dans le cas de $\boldsymbol{S_3}$, $H=\{e,(123),(321)\}$ est un sous-groupe invariant.
$G/H$ contient deux éléments : $H$ et $M=\{(12),(23),(31)\}$.
$H$ est l’ensemble des permutations paires à 3 éléments (l’identité correspond à aucune permutation et les 3 cycles à des permutations doubles). On appelle aussi $H$ $\boldsymbol{A_3}$, groupe alterné d’ordre 3.
$M$ est l’ensemble des permutations impaires.
On voit facilement que la composition de deux permutations impaires ou paires donne une permutation paire alors qu’une composition mixte donne une permutation impaire :
$HM=MH=M$, $HH=H$ et $MM=H$.
On en déduit que $G/H$ est isomorphe à $\boldsymbol{C_2}$ (H est envoyé sur l’identité et $\boldsymbol{M}$ correspond à l’autre élément).
Le morphisme $f: G \rightarrow G / H, g \mapsto g H$ est appelé morphisme canonique ou projection canonique.
Le deuxième exemple illustre un théorème qui va se révéler bien utile mais définissons d’abord le noyau d’un homomorphisme :
Soit f un homomorphisme de $G$ à $G^{\prime}$. On appelle noyau $K$ de cet homomorphisme l’ensemble des éléments de $G$ qui sont envoyé sur l’élément neutre de $G’$ ($K=\{g \in G ; g \stackrel{f}{\longmapsto} e^{\prime} \in G^{\prime}\}$).
Théorème d’isomorphisme (premier) :
Soit $f$ un homomorphisme de $G$ à $G^{\prime}$ de noyau $K$.
$K$ forme alors un sous-groupe invariant de $G$.
Le groupe quotient $G/K$ est isomorphe à $G^{\prime}$.
Autrement dit, on rend $f$ injectif en quotientant $G$ par son noyau.
Cela se note symboliquement $G / K \simeq G^{\prime}$ ou encore $G / \operatorname{Ker}(f) \simeq f(G)$ où $\operatorname{Ker}(f)$ désigne le noyau de $f$ et $f(G)$ est l’image de $f$.
Les éléments du groupe quotient $G/K$ sont les classes latérales $pK$.
Considérons l’application envoyant les classes latérales vers l’image de $f$, $p K \xrightarrow{\rho} f(p)=p^{\prime} \in G^{\prime}$.
$ \begin{aligned} f\left(q^{-1} p\right) & =1 \\ & =f\left(q^{-1}\right) f(p) \\ & =f^{-1}(q) f(p) \end{aligned} $
Et finalement, $f(q)=f(p)$.
$ \begin{aligned} \rho(p K \cdot q K) & =\rho(p q K) \\ & =f(p q) \\ & =f(p) f(q) \\ & =\rho(p K) \rho(q K) \end{aligned} $
L’application est bien bijective.
Le dessin ci-dessus illustre le cas d’un groupe $G$ contenant 15 éléments avec un noyau $K$ en contenant 3. $G/K$ et $G^{\prime}$ sont alors tous deux d’ordre 5.
on a vu dans un exemple précédent que l’homomorphisme de $\boldsymbol{S_3}$ sur $\boldsymbol{C_2}$ devient un isomorphisme si on quotiente $\boldsymbol{S_3}$ par le sous groupe invariant $H=\{e,(123),(321)\}$ : $\boldsymbol{S_3} / H \simeq \boldsymbol{C_2}$. Or $H$ est bien le noyau $K$ de l’homomorphisme comme le prévoit le théorème d’isomorphisme.
Image et noyau nous disent beaucoup sur les homomorphismes.
En effet :
Pour un homomorphisme $f$ tel que $G \xrightarrow{f} G^{\prime}$ :
Soit $H_1$ et $H_2$ deux sous-groupes du groupe $G$ avec les deux propriétés suivantes :
Décomposons $\boldsymbol{C_6}=\{e=a^6, a, a^2, a^3, a^4, a^5\}$ en $\color{red} H_1=\{e, a^3\}$ et $\color{blue} H_2=\{e, a^2,a^4\}$.
Comme $\boldsymbol{C_6}$ est abélien, le premier critère est respecté.
Et on a : $e = \color{red}e\color{blue}e$, $a = \color{red}a^3\color{blue}a^4$, $a^2 = \color{red}e\color{blue}a^2$, $a^3 = \color{red}a^3\color{blue}e$, $a^4 = \color{red}e\color{blue}a^4$, $a^5 = \color{red}a^3\color{blue}a^2$.
$H_1 \simeq C_2$ et $H_2 \simeq C_3$ donc $C_6 \simeq C_2 \otimes C_3$.
Si $G=H_1 \otimes H_2$, alors $H_1$ et $H_2$ doivent être invariants.
Pour $a_1\in H_1$, $g a_1 g^{-1}=h_1 h_2 a_1\left(h_1 h_2\right)^{-1}=h_1 h_2 a_1 h_2^{-1} h_1^{-1}=h_1 a_1 h_1^{-1} \in H_1$ (et on peut bien sûr faire pareil avec $a_2$ dans $H_2$).
On peut donc construire les groupes quotient $G/H_1$ et $G/H_2$. On montre alors que $G / H_1 \simeq H_2$ et $G / H_2 \simeq H_1$, ce qui éclaire un peu plus le terme de groupe quotient.